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Cinq façons pour les villes de construire ensemble de meilleurs systèmes alimentaires

Dossier sur les villes en réseau

Depuis son lancement, la Plate-forme des villes du réseau AfriFOODlinks est devenu un espace dynamique où les villes partagent des solutions pratiques et adaptées à leur contexte, ainsi que les enseignements tirés et les idées clés. À ce jour, près de 112 villes ont participé au réseau, engageant un dialogue perspicace sur la gouvernance, la nutrition, la sécurité alimentaire, la durabilité, la résilience, etc.

Au cœur du programme, une série de webinaires dynamiques est devenue une plaque tournante pour l’apprentissage entre pairs et la réflexion collective. La participation a été diversifiée : les organisations de la société civile représentent 30 % des participants, tandis que 24 % d’entre eux représentent des gouvernements locaux et infranationaux – la moitié d’entre eux provenant des villes du réseau. Le plus encourageant est peut-être que 59,5 % des participants sont des femmes, ce qui reflète notre engagement ferme en faveur de l’équité, de la représentation et d’un leadership inclusif dans chaque espace d’apprentissage.

Grâce à une série d’échanges virtuels thématiques, la plateforme a mis en lumière des initiatives concrètes, des politiques et des leçons tirées de villes d’Afrique et du Sud. Ces conversations en ligne sont allées au-delà du partage de connaissances ; elles ont permis d’élaborer de nouvelles réflexions, de susciter des collaborations et de donner de la visibilité aux leaders qui sont à l’avant-garde de la lutte contre les problèmes liés aux systèmes alimentaires urbains.

Alors que la série d’échanges du Réseau des villes se poursuit, un certain nombre d’idées se dégagent. Voici cinq éléments clés qui façonnent l’avenir des systèmes alimentaires urbains en Afrique :

1. Les collectivités locales au cœur de la transformation des systèmes alimentaires

Un message est ressorti clairement de toutes les sessions : les gouvernements locaux ne se contentent pas de mettre en œuvre des politiques alimentaires, ils sont de puissants moteurs de changement dans leurs sphères d’influence. Que ce soit par le biais de programmes d’alimentation scolaire, d’ordonnances stratégiques ou de structures de gouvernance alimentaire, les autorités locales mènent des interventions à fort impact, même lorsqu’elles travaillent dans le cadre de mandats limités.

L’expérience de villes comme Kisumu, Mbale et Entebbe suggère que le leadership des autorités locales peut contribuer à rendre la transformation des systèmes alimentaires plus ancrée, plus réactive et plus durable.

2. La gouvernance inclusive et la collaboration renforcent les systèmes alimentaires urbains

Un message est ressorti clairement de toutes les sessions : les gouvernements locaux ne se contentent pas de mettre en œuvre des politiques alimentaires, ils sont de puissants moteurs de changement dans leurs sphères d’influence. Que ce soit par le biais de programmes d’alimentation scolaire, d’ordonnances stratégiques ou de structures de gouvernance alimentaire, les autorités locales mènent des interventions à fort impact, même lorsqu’elles travaillent dans le cadre de mandats limités.

L’expérience de villes comme Kisumu, Mbale et Entebbe suggère que le leadership des autorités locales peut contribuer à rendre la transformation des systèmes alimentaires plus ancrée, plus réactive et plus durable.

3. La nutrition nécessite une double approche

Les villes africaines sont confrontées au double fardeau de la dénutrition et de l’augmentation de l’obésité. Pour y faire face, elles doivent mettre en œuvre des interventions qui s’adressent aux deux extrémités du spectre nutritionnel, en favorisant l’accès à des aliments frais et nutritifs tout en réduisant la dépendance à l’égard des régimes alimentaires ultra-transformés.

« Vous ne pouvez pas changer les connaissances et l’attitude des gens sans changer leur environnement.
Nicolas Bricas, chercheur au CIRAD

Par exemple, en réponse à l’augmentation des taux d’obésité, en particulier chez les femmes, et à l’introduction précoce de boissons sucrées pour les nourrissons, le ministère de la santé du Ghana a collaboré avec les acteurs du système alimentaire sur la recherche afin d’éclairer l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Cette collaboration a débouché sur une série d’interventions, telles que la Une alimentation plus saine pour une vie saine programmeune taxe sur les boissons sucrées, et la Stratégie des systèmes alimentaires 2023-2030qui vise à créer des environnements alimentaires plus sains dans tout le pays.

Au Kenya, le programme Légumes pour tous (VfA) a pour objectif d’augmenter la consommation de légumes parmi les populations à faibles revenus en améliorant l’accès, l’accessibilité financière et la sensibilisation. Si les campagnes peuvent influencer avec succès les choix alimentaires, leur impact peut s’estomper une fois le message diffusé. C’est pourquoi l’équipe de la VfA s’est associée à une agence de création pour mettre au point une campagne de sensibilisation à la consommation de légumes. Alimentation FitiCette approche a montré comment un marketing innovant et ancré dans la réalité locale peut contribuer à modifier les habitudes de consommation et à maintenir des habitudes plus saines au fil du temps. Cette approche a démontré comment un marketing innovant et ancré dans la réalité locale peut contribuer à modifier les habitudes de consommation et à maintenir des habitudes plus saines au fil du temps.

4. Les programmes d'alimentation scolaire sont des leviers multisectoriels à fort impact

Les repas scolaires se sont révélés être des points d’entrée puissants pour le changement des systèmes alimentaires multisectoriels. Ces programmes améliorent la santé des enfants, renforcent les résultats scolaires et intègrent la nutrition dans les cadres politiques locaux.

Plusieurs villes en font déjà la démonstration. Fort Portal (une ville du réseau AfriFOODlinks) a intégré l’agriculture, l’éducation et la santé par le biais de jardins scolaires soutenus par des agriculteurs principaux et des agents de vulgarisation. Cette approche, développée dans le cadre du projet multisectoriel ougandais de sécurité alimentaire et de nutrition (2015-2021), a permis d’améliorer la diversité alimentaire et la rétention scolaire. Le programme de distribution de lait dans les écoles de la ville apporte également des nutriments essentiels en fournissant 100 à 150 ml de lait par élève.

Entebbe (une ville du réseau AfriFOODlinks) met en œuvre un programme d’alimentation scolaire du conseil municipal qui renforce la coordination multisectorielle et promeut des interventions sensibles à la nutrition. L’initiative vise à garantir que tous les écoliers ont un accès régulier à des repas nutritifs, favorisant à la fois l’apprentissage et le bien-être.

Mbale, bien qu’elle ne soit pas une ville-réseau (une ville pivot d’AfriFOODlinks), a piloté des projets de nutrition scolaire avec un fort leadership du gouvernement local et l’engagement des parents, démontrant ainsi la valeur des approches communautaires de l’alimentation scolaire.

5. Les systèmes alimentaires urbains nécessitent une politique spécifique à la ville

Comme le souligne le Rapport 2024 du HLPE-FSNAujourd’hui, l’insécurité alimentaire est essentiellement un problème urbain. Avec plus de 75 % des populations souffrant d’insécurité alimentaire vivant dans les villes, il est clair que les systèmes alimentaires urbains nécessitent des approches politiques adaptées qui reflètent les défis spécifiques de la vie urbaine.

« Les systèmes alimentaires sont inadaptés aux réalités urbaines et ne répondent pas aux besoins des citadins.
Jane Battersby, responsable du rapport 2024 du HLPE-FSN

Les principales recommandations issues du rapport et des discussions du Réseau des villes sont les suivantes :

  • Intégrer l’alimentation dans l’aménagement du territoire et la planification des infrastructures traiter l’alimentation comme une question urbaine centrale en planifiant les marchés, le stockage et les centres de distribution parallèlement au logement, au transport et aux services, en accordant une attention particulière aux communautés à faibles revenus.
  • Investir dans les données et les outils numériques pour soutenir la prise de décision – Construire des bases de données et des plateformes numériques plus solides afin que les villes puissent cartographier les défis, suivre les progrès et prendre des décisions inclusives et fondées sur des données probantes.

Soutenir les moyens de subsistance et la résilience au sein des économies alimentaires informelles – Protéger les moyens de subsistance et les revenus des vendeurs et des négociants qui sont essentiels à l’accès à une alimentation abordable, tout en améliorant leurs conditions de travail, leur sécurité et leur résilience.

Un appel collectif à l'action

La plateforme des villes du réseau AfriFOODlinks est motivée par la conviction que les villes ne sont pas seulement en première ligne de la lutte contre l’insécurité alimentaire, mais qu’elles sont aussi des centres d’innovation, de leadership et de changement transformateur. En rassemblant les acteurs locaux, la société civile et les décideurs, le programme aide les villes à réimaginer ce qui est possible pour leurs systèmes alimentaires à partir de la base.

Jusqu’à la fin de l’année 2025, cette série de webinaires invite à réfléchir à une question centrale et puissante :

Comment construire des systèmes alimentaires plus inclusifs, résilients et justes dans les villes africaines à partir de la base ?

Les réponses apparaissent déjà, non seulement dans les documents stratégiques et les politiques, mais aussi dans les actions quotidiennes des dirigeants locaux, des communautés et des villes qui travaillent en partenariat. Le travail est loin d’être terminé, mais la dynamique est réelle.

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